- Đá±á»ŐŻááȘÏ
ĐșŃŃŃŃáĐŽášŃŐ
- Đ€áĄĐ¶Đ°ŃĐČĐŸÎŸÎ”á Đž ĐœÎ±Ï ĐłŃĐČá«ÎŸáź
- ΄гаŃáŃĐž ŃŃáșĐ”áαá
- Îá аĐČа
Damour et d'eau fraĂźche. 56 likes. Pour les amoureux de calembours (mais pas que) et de pĂątes (accessoirement) 100% fait maison (sauf les pĂątes). Et dâautres matiĂšres aussi.
Elles sont sĂ©duisantes, modernes et pratiques. Depuis leur Ă©mergence il y a une vingtaine dâannĂ©es, les plateformes de streaming nâont cessĂ© de grignoter des parts de marchĂ© dâune industrie musicale quâelles ont rĂ©volutionnĂ©e. Mais derriĂšre leur technologie, la promesse est-elle vraiment tenue ? Avec quelles consĂ©quences pour les revenus des artistes, et leurs conditions de travail ? Au-delĂ de lâillusion de libertĂ©, les Spotify, Deezer et autres Apple Music sont devenues les nouvelles radios commerciales. Lâart, comme le dĂ©crit trĂšs justement le moine cistercien-trappiste amĂ©ricain Thomas Merton, porte en lui une dimension spirituelle il permet de nous trouver et de nous perdre en mĂȘme temps ». La relation Ă celui-ci, et Ă la culture en gĂ©nĂ©ral, Ă©volue au fil du temps et des Ă©poques. Avec les confinements et les restrictions traversĂ©es avec la crise sanitaire, un nouveau dĂ©bat a Ă©mergĂ© au sein de la sociĂ©tĂ©. Autour dâune question quâest-ce qui est essentiel » ? Sans vĂ©ritable discussion, le gouvernement a collĂ© dâautoritĂ© cette Ă©tiquette sur et Ă certaines catĂ©gories et secteurs de la vie Ă©conomique et sociale, dĂ©classant les autres, placĂ©s de fait de lâautre cĂŽtĂ©, dans une forme dâabandon. Un business idĂ©al La culture en gĂ©nĂ©ral, le spectacle vivant en particulier et la musique notamment ont vĂ©cu cette relĂ©gation au nom dâune grille dĂ©mĂȘlant lâessentiel de ce qui ne lâĂ©tait donc pas - du point de vue des autoritĂ©s. Pendant le premier confinement, alors que les salles de spectacle dormaient, rĂ©duisant Ă peau de chagrin les revenus des musiciens les rĂ©munĂ©rations tirĂ©es des concerts constituant depuis plusieurs annĂ©es le principal de leurs ressources, les ventes de Compact Disc ont chutĂ© de 80 %. Pour faire bonne mesure, fin 2020, le gouvernement avait eu la bonne idĂ©e de faire fermer les rayons culturels des supermarchĂ©s, soulevant une lĂ©gitime vague dâindignation des artistes face au caractĂšre dĂ©lirant et discriminatoire de cette mesure. Nous continuons Ă mourir dignement comme vous le voyez ». De Benjamin Biolay, sur son compte Instagram, le 3 novembre 2020. Le chanteur avait Ă©tĂ© contraint aprĂšs la dĂ©cision du gouvernement Ă repousser la sortie de son nouvel album Sâil a Ă©tĂ© prĂ©cipitĂ© par la crise sanitaire, cet effondrement des ventes de CD nâest pas nouveau. Les choses ont bien changĂ© en effet depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000 il y a une double dĂ©cennie, 150 millions de CD sâĂ©coulaient en France chaque annĂ©e ; en 2018, les Français nâen achĂštent plus que 24 millions, selon le Syndicat national de l'Ă©dition phonographique SNEP. Le streaming est passĂ© par lĂ . Proposant un accĂšs presque illimitĂ© aux musiques du monde entier Ă un prix relativement bas, les plateformes vendent une forme dâidĂ©al. Pourtant, Ă y regarder de prĂšs, la rĂ©alitĂ© est moins reluisante. Lâhomme le plus puissant de la musique ConcrĂštement, cette dĂ©matĂ©rialisation de la musique et des artistes que nous Ă©coutons pose deux problĂšmes, au minimum son impact environnemental dâabord et celui sur les revenus de ces mĂȘmes artistes, vision au sujet de ceux qui ont fait son immense fortune, le PDG de Spotify lâa exprimĂ©e en juillet lors de la prĂ©sentation des rĂ©sultats au second trimestre de son groupe cotĂ© Ă New York. Lâoccasion de dire aux crĂ©ateurs ce quâils sont, ne sont pas et doivent ĂȘtre un artiste ne peut pas, assĂšne Daniel Ek, enregistrer un album tous les trois-quatre ans et penser que c'est suffisant ». Ăa câĂ©tait avant â comprendre avant le milliardaire suĂ©dois. Il lui faut donc, cet artiste, chanteur ou musicien, se plier aux diktats de lâhomme le plus puissant de la musique » qui vient par ailleurs dâinvestir 100 millions de dollars dans une entreprise spĂ©cialisĂ©e dans... la surveillance militaire pour, dans lâordre, mĂ©nager un engagement continu avec les fans », savoir crĂ©er du storytelling autour d'un album » et entretenir un dialogue continu avec [eux] ».Un lexique â celui du marketing et du business le plus pur - qui banalise la musique en en faisant un produit comme nâimporte quel autre, qui doit rĂ©pondre et se plier sa production et ses usages aux rĂšgles qui animent et nourrissent le capitalisme le plus fĂ©roce. Les plateformes de streaming se sont-elles donc transformĂ©es en radio commerciales ? Pour Daniel Ek, la musique et ceux qui la font doivent dâabord se conformer Ă lâidĂ©e quâil sâen fait. Capture dâĂ©cran sur le site de Spotify Lâart et la crĂ©ation nâont pas dâĂąge. ForcĂ©ment, comme lâĂȘtre humain, ils Ă©voluent. Pour Ă©couter de la musique, il y a eu les vinyles, les cassettes, les CD, les MP3 â achetĂ©s en ligne ou en copiant un CD sur un ordinateur â et aujourdâhui des fichiers plus volatiles que lâon utilise partout sans pouvoir mettre la main dessus et se les approprier. Pour rĂ©sumer dâun trait lâhistoire de lâavĂšnement du streaming, on doit remonter au brevet dĂ©posĂ© en 1920 par Georges O. Squier pour un systĂšme de transmission et de diffusion de signaux sur les lignes Ă©lectroniques - qui va donner naissance Ă Muzak, un systĂšme permettant de diffuser de la musique dâambiance dans les hĂŽtels et les grands magasins en passant par les lignes Ă©lectriques. Le brevet US 1 641 608 de Georges O. Squier Pendant des dĂ©cennies, aucune innovation significative ne suit celle de cet inventeur et aviateur de lâarmĂ©e amĂ©ricaine, mort, prĂ©cise sa fiche WikipĂ©dia, dâune pneumonie en 1934. Il faut attendre plus dâun demi-siĂšcle pour enregistrer des avancĂ©es rĂ©elles en 1993, le groupe californien Severe Tire Damage donne le premier concert diffusĂ© en direct sur Internet depuis le Palo Alto research center. Les premiĂšres plateformes apparaissent dans la foulĂ©e - Windows Media Player en 1995, QuickTime Apple en 1999, YouTube rachetĂ© par Google en 2008 et Dailymotion en 2005. Suivront les Spotify en 2006 et autres Deezer en 2007. Le major-gĂ©nĂ©ral Georges Owen Squier, officier du corps des transmissions de l'armĂ©e amĂ©ricaine et pĂšre » du streaming 1865-1934. © National academy of sciences of the United states of America Un sujet Ă©pineux La question de la rĂ©munĂ©ration des artistes, chanteurs, groupes et musiciens, a de tout temps Ă©tĂ© dĂ©licate. Si on regarde de prĂšs, mĂȘme dans la vente dâun CD, la part qui leur revient est faible elle dĂ©pend du type de contrat signĂ© mais lâartiste touche gĂ©nĂ©ralement autour de 1 euro par unitĂ© Ă©coulĂ©e. Avec lâavĂšnement des plateformes de streaming, on pourrait penser que cette rĂ©munĂ©ration sâamĂ©liorerait, sur la base dâĂ©coutes rĂ©pĂ©tĂ©es. Il nâen est un document au titre aigre-doux Dâamour et dâeau fraĂźche », lâADAMI, lâorganisme de gestion des droits des artistes interprĂštes, prĂ©cisait fin 2020 que 46 centimes seulement reviennent aux artistes quand un abonnĂ© verse 9,99 euros par mois Ă Spotify. En thĂ©orie, et cela dĂ©pend de la plateforme, le taux de rĂ©munĂ©ration par Ă©coute varie de 0,0019 Ă 0,0145 euros, selon le quotidien LibĂ©ration. Objectivement une misĂšre, qui a donc fait la fortune considĂ©rable de lâavisĂ© Daniel Ek. Dans ce tableau peu reluisant, les ventes dâalbums, de CD ou de vinyles se sont fort heureusement maintenues grĂące Ă un rĂ©seau de distribution français puissant » environ 4 000 points de vente - comme le qualifiait Alexandre Lasch, le directeur gĂ©nĂ©ral du Syndicat national de lâĂ©dition phonographique Snep, dans un article du Figaro -, ces ventes alimentĂ©es par les fans reprĂ©sentaient encore 37 % du chiffre dâaffaires global de la musique enregistrĂ©e en 2019. Une aumĂŽne Dans la pratique, il y a un autre problĂšme. De taille lâargent reversĂ© par les plateformes aux artistes ne lâest pas en fonction des Ă©coutes de chaque utilisateur, ce qui a priori semble un systĂšme juste. En rĂ©alitĂ©, ce sont les plus streamĂ©s » qui profitent du jackpot au dĂ©triment des autres. Ainsi, la rĂ©munĂ©ration de chacun dĂ©pend surtout de sa place dans lâĂ©cosystĂšme » commercial des services de streaming, plus que du choix de chaque Aepo Artis, 90 % des artistes gagnent ainsi moins de... 1 000 euros par an sur Spotify, mĂȘme en comptabilisant plus de 100 000 Ă©coutes. Au terme de son enquĂȘte rendue publique en septembre 2020, cette organisation Ă but non lucratif reprĂ©sentant 37 organisations europĂ©ennes de gestion collective d'artistes-interprĂštes tire un constat alarmiste la survie est devenue impossible dans le systĂšme actuel ». Ce systĂšme, tel quâil dysfonctionne aujourdâhui, engendre une forme de boucle infinie en comptabilisant une Ă©coute au bout de trente secondes seulement, les morceaux les plus courts sont automatiquement mis en avant. Comme la majoritĂ© des Ă©coutes sont dĂ©clenchĂ©es Ă partir de playlists de recommandation Ă©ditĂ©es par les plateformes, les mĂȘmes morceaux et les mĂȘmes artistes sont poussĂ©s, et donc les plus Ă©coutĂ©s. Les moins reconnus, moins puissants et moins expĂ©rimentĂ©s, sont laissĂ©s de cĂŽtĂ© et, pire, ils perdent en route une partie de leurs fans. ConsĂ©quence, sur les 1,6 millions de chanteurs, groupes et musiciens recensĂ©s sur ces services, un petit nombre profite grandement de cette logique perverse, renvoyant lâimmense majoritĂ© des autres Ă une sorte de prolĂ©tariat musical 1 % dâentre eux captaient 90 % des Ă©coutes en le voit, par ces mĂ©caniques favorisant la concentration des revenus, la promesse de dĂ©part une diversitĂ© inĂ©galĂ©e construisant une offre encourageant la dĂ©couverte nâest pas tenue. En rĂ©alitĂ©, les algorithmes des plateformes poussent non seulement certains artistes mais aussi certains genres. Le rap et lâĂ©lectro en particulier sont favorisĂ©s. Si vous ĂȘtes bien trop coolFace Ă ce phĂ©nomĂšne et cette contradiction dans le contrat, Suzanne Combo, dĂ©lĂ©guĂ©e gĂ©nĂ©rale de la GAM et elle-mĂȘme artiste, estime que la musique nâa plus rien Ă voir avec lâart ». Les artistes en ont bien conscience. Dans son Ă©mission du 17 juin 2021, lâhumoriste sud-africain Trevor Noah constate que si ces services ont sĂ»rement sauvĂ©s lâindustrie », ils ne partagent pas vraiment la richesse ». AprĂšs avoir saluĂ© le fait que les plateformes offrent sur le papier une plus grande chance aux petits artistes » dâatteindre un large public, Trevor Noah rĂ©sume la situation sur son ton sarcastique habituel MĂȘme si vous ĂȘtes bien trop cool pour Ă©couter les dix premiers artistes sur Spotify, ils obtiennent quand mĂȘme la majeure partie de votre argent. Et les groupes que vous Ă©coutez n'en reçoivent presque pas. »Si personne nâest dupe, la domination des plateformes de streaming semble pourtant avoir peu de chances dâĂȘtre remise en cause, Ă court terme. En effet, prendre la dĂ©cision de les quitter est un choix compliquĂ©, tellement elles sont vues aujourdâhui comme essentielles. Un artiste qui ferait un tel choix pourrait craindre de disparaĂźtre ». La solution ? Avec ses 14 millions dâutilisateurs, qui la classe loin derriĂšre le gĂ©ant suĂ©dois Spotify et ses plus de 172 millions dâabonnĂ©s, le français Deezer milite de son cĂŽtĂ© depuis 2017 pour un autre mode de rĂ©partition, vendu comme plus Ă©quitable. Il a Ă©tĂ© baptisĂ© User Centric Payment System » UCPS et fonctionne depuis 2020. Louis-Alexis de Gemini, directeur gĂ©nĂ©ral de Deezer France, lâaffirme ce systĂšme permettrait de rĂ©munĂ©rer directement les artistes Ă©coutĂ©s sur une rĂ©partition abonnĂ© par abonnĂ©, favorisant la diversitĂ© et des artistes moins reconnus. Il apporterait [ainsi] plus de transparence Ă la fois pour vous les utilisateurs, ndlr et pour les artistes ». Mais selon le Centre national de la musique CNM, ce modĂšle ne serait pas pour autant La que limitant les effets de la rĂ©partition sur la base du classement gĂ©nĂ©ral de chaque plateforme, favorisant la diversitĂ© des genres et des titres moins mis en avant car plus anciens, tout en luttant contre la fraude, lâimpact de cette nouveautĂ© serait en rĂ©alitĂ© trĂšs limitĂ© pour les petits artistes quelques euros de plus par an, pour ceux qui apparaissent au-delĂ du 10 000e artiste le plus Ă©coutĂ©. Par ailleurs, autre argument en sa dĂ©faveur, la mise en place dâun tel systĂšme, Ă la charge des plateformes, risquerait dâĂȘtre coĂ»teuse, toujours selon le CNM. Pour trancher, le Centre national de la musique a dĂ©cidĂ© de prolonger dâune annĂ©e son Ă©tude. Un nouveau rapport devrait ĂȘtre publiĂ© en 2022. Le directeur gĂ©nĂ©ral de Deezer France Louis-Alexis de Gemini lâassure avec UCPS, lâargent est redistribuĂ© aux artistes » et la plateforme française soutient toutes les voix ». Capture vidĂ©o de promotion Deezer. Si lâargent reste le nerf de la guerre, la question du revenu des artistes nâest pas la seule ombre qui plane au-dessus des services de streaming. Dans un monde oĂč il est difficile dâĂ©chapper Ă la conscience du dĂ©rĂšglement climatique et dans lequel lâutilisation des donnĂ©es personnelles est aussi une question sensible, les plateformes sont lĂ encore loin dâĂȘtre irrĂ©prochables. Quand on pense Ă de la musique virtuelle, on imagine quelque chose qui nâexiste pas. Ou du moins sur lequel on ne peut mettre les mains. Dans son livre Decomposed The political ecology of music The MIT Press, 2019, le chercheur norvĂ©gien Kyle Devine lâĂ©crit pourtant le tout dĂ©matĂ©rialisĂ© nâexiste pas. Si la musique est bien virtuelle, elle est en revanche stockĂ©e quelque part. Or, ce stockage et son cheminement jusquâĂ nous consomme de lâĂ©nergie. Beaucoup selon les calculs de Kyle Devine, le streaming et le tĂ©lĂ©chargement de musique ont gĂ©nĂ©rĂ© entre 200 000 et 350 000 tonnes dâĂ©missions de gaz Ă effet de serre en 2016, et cela uniquement aux Ătats-Unis. Ce volume a trĂšs certainement encore augmentĂ© avec les confinements Ă travers le monde, ces deux derniĂšres annĂ©es. Les utilisateurs douchĂ©s Poursuivre sur cette voie Ă©thique pousse Ă©galement Ă questionner lâusage des donnĂ©es par les plateformes, Spotify en tĂȘte. Avec plus de 300 millions dâutilisateurs dans le monde, le gĂ©ant du streaming dispose dâune base de donnĂ©es considĂ©rable. En 2021, le site a vu la proportion de ses revenus publicitaires passer de 10 Ă 13 % de son chiffre dâaffaires soit 323 millions dâeuros. Et le patron de Spotify lâa annoncĂ© le suĂ©dois souhaite se lancer dans les publicitĂ©s ciblĂ©es Ă la maniĂšre des GAFAM, en vendant les donnĂ©es des et professeur Ă lâuniversitĂ© dâAustin, au Texas, Eric Drott explique que Spotify attire les investisseurs justement grĂące Ă son trĂ©sor son important fond de donnĂ©es. Il va plus loin encore, en citant le responsable des solutions programmatiques » de la plateforme qui lui aurait dĂ©clarĂ© que Spotify ne sait pas seulement ce que [ses] utilisateurs Ă©coutent » mais connait Ă©galement leurs activitĂ©s personnelles ». Ainsi, lâentreprise enregistre 500 000 Ă©coutes sous la douche par jour. »Le Wrapped », fonctionnalitĂ© qui permet Ă chaque utilisateur dâavoir son annĂ©e musicale rĂ©sumĂ©e, illustre cette capacitĂ© de Spotify Ă nous analyser sans que cela nâinquiĂšte plus que ça. Chaque annĂ©e, les utilisateurs se flattent dâailleurs de ces donnĂ©es via des stories Instagram, des tweets ou des post Facebook, assurant ainsi la promotion gratuite de lâoutil. Des partages souvent accompagnĂ©s de commentaires rĂ©jouis - câest tellement moi »⊠- sans questionner une telle intrusion. Une double dĂ©cennie aprĂšs son apparition, le streaming est donc devenu la nouvelle puissance dominante, que ce soit pour la musique seule ou les vidĂ©os. Il est dâailleurs le premier moteur de trafic sur Internet. ParallĂšlement Ă son avĂšnement, lâimpact et le coĂ»t environnemental des produits culturels nâa jamais Ă©tĂ© aussi mauvais, alors que les ressources que les artistes en retirent nâont jamais Ă©tĂ© aussi faibles. GrĂące Ă leurs algorithmes, leurs applications et recommandations, les plateformes se sont transformĂ©es en programmateurs, Ă lâimage des radios musicales des annĂ©es 80. Elles orientent et concentrent les Ă©coutes sur les genres les plus commerciaux, confortant une standardisation loin de la diversitĂ© dâun Internet libre et fantasmĂ©. Fortes de leur domination sur lâindustrie de la musique, elles pressurisent et prĂ©carisent un peu plus les artistes. Enfin, elles tirent un bĂ©nĂ©fice des donnĂ©es personnelles de leurs abonnĂ©s. Le constat a de quoi dĂ©sespĂ©rer, et beaucoup de musiciens sont dĂ©sabusĂ©s. Une situation qui dĂ©coule dâune vision capitaliste du monde, un univers dans lequel les plus puissants â que ce soit les grosses plateformes Spotify en tĂȘte, les majors Universal, Sony et la Warner, mais aussi les artistes les plus reconnus mondialement â ont a priori le dernier autant, les choses peuvent changer. TrĂšs rĂ©cemment, la chanteuse britannique Adele a contraint Spotify Ă modifier une de ses fonctionnalitĂ©s la lecture alĂ©atoire par dĂ©faut. MalgrĂ© ses imperfections, lâUCPS de Deezer est une tentative de changement, qui dĂ©montre au moins la nĂ©cessitĂ© dâun nouveau modĂšle Ă©conomique. Les pĂ©titions en soutien aux artistes comme celle, baptisĂ©e Justice at Spotify », lancĂ©e par lâUMAW, le syndicat des musiciens et travailleurs de lâindustrie musicale, tĂ©moignent de la mobilisation et de la volontĂ© de certains de changer la donne. Merci Spotify de mâavoir Ă©coutĂ© ». Message de la britannique Adele sur son compte twitter, le 21 novembre dernier. Sur un autre terrain, institutionnel et politique celui-lĂ , lâONU sâest saisie de la question et appelle Ă une redevance directement versĂ©e aux musiciens. En Grande Bretagne, le pays de la pop, le Parlement sâest Ă©galement emparĂ© du sujet et a menĂ© une enquĂȘte trĂšs dĂ©taillĂ©e sur les stratĂ©gies et les modĂšles commerciaux mis en place par les opĂ©rateurs du streaming du cĂŽtĂ© des mĂ©lomanes - pour ne pas les qualifier comme le fait lâindustrie de consommateurs -, il est possible Ă©galement de privilĂ©gier les achats physiques. Bons points en leurs faveurs, les emballages cartonnĂ©s moins polluants se gĂ©nĂ©ralisent et on peut parfaitement copier le contenu dâun CD sur un ordinateur ou un tĂ©lĂ©phone pour en profiter sans passer par un serveur installĂ© Ă lâautre bout du monde. Pour ne plus se sentir trahis et donc piĂ©gĂ©s par une promesse tronquĂ©e, chacun peut aussi faire sa propre introspection et peser sa responsabilitĂ© personnelle devant cette situation. Ce qui est valable pour la presse lâest tout autant pour la musique et la crĂ©ation avons-nous besoin de disposer dâun accĂšs et stockage infini », tel quâil est vendu par les opĂ©rateurs de streaming ? A partir de quel seuil a-t-on assez de musiques, de combien de titres ou dâalbums a-t-on rĂ©ellement besoin et, question complĂ©mentaire, combien en Ă©coutons-nous, armĂ©s de notre illimitĂ©e et vertigineuse discothĂšque ?La rĂ©ponse nâest peut-ĂȘtre pas Ă©vidente mais une chose est sĂ»re grandir, câest aussi apprendre le sens des choses lâessentiel » est bien la question du moment.
FfDLET.